JOURNÉES
CÉLINE...
BULLETIN CELINIEN
SORTIE du 400 ième NUMERO
13 octobre 2017
Unique, tout simplement unique. Son directeur, Marc Laudelout, bien trop
modeste, nous indique qu'il ne faut pas " pour autant pavoiser ". Mais
il se trouve que le " BC " est bel et bien le seul mensuel existant
consacré à un écrivain. Et ce, depuis 1981, année du 20e anniversaire de
la mort de L.-F. Céline.
Et ça se fête...
C'est dans le 5e arrondissement de Paris, ce vendredi 13 octobre à 19h30,
" Aux verres de contact ", un bistro sympa qu'Antoine Blondin aurait
sûrement apprécié, que se sont réunis plus de quarante invités venus
partager ce grand évènement.
De Suisse, de Belgique, de Paris ou du lointain de
nos provinces, ils se sont déplacés pour communier ensemble avec celui
qui inlassablement depuis trente-six ans (36 ans !), nous enseigne, nous
démontre, nous démonte toute l'actualité célinienne.
Et le " BC ", tous les mois, se retrouve entre les
mains de ces céliniens, célinistes, célinophiles, ces chercheurs,
universitaires, étudiants, amateurs éclairés avides de goûter aux
textes, lettres, témoignages, chroniques, études parus ou en
préparation.
L'apéritif pris dans l'avant-salle permit à chacun de
dialoguer ou bien de faire connaissance, Arina, tout sourire et Marc
accueillant chaleureusement les convives au fur et à mesure de leur
arrivée.
Une fois tous installés, notre directeur, dans une
courte allocution rendit un brillant hommage à ceux qu'il a appelé les
pionniers : Nicole Debrie, Jean Guenot (une grande carte d'anniversaire
fut signée par tous pour ses 90 ans), Marc Hanrez, Dominique de Roux,
Pol Vandromme, qui ont précédé les Philippe Alméras, Jean-Pierre
Dauphin, François Gibault, Henri Godard, Frédéric Vitoux, Henri Thyssens,
Eric Mazet.
De cette liste nous soulignerons, ici, la présence
de Marc Hanrez ainsi que celle de Me François Gibault.
Marc Hanrez
Ch. Dedet, J. Léger, Ch. Durante, Ph. Di Maria
Ch. Durante, F. Monnier, Ch. Senn, D. Vallée
C. Haenggli, E. Cian-Grangé J.P. Cousteau, F. Saenen
V. Robert-Chovin, G. Silmo
J.P. Doche, C. Dedet
F. Gibault, Dr B. Labbé
D. Gazzola, M. Danloux, J. Arnoult
B. Gasco
P. de Bonneville
C. Beauthéac
Le repas, au menu : Apéritif ; Terrine de campagne
et salade ; Joue de bœuf braisée au vin
rouge, pommes grenailles et légumes ou Pavé de cabillaud vapeur, légumes
; Poire pochée dans un sirop aux épices, glace vanille ; Café.
Celui-ci terminé, c'est Patrick Ferette, par la
lecture de textes de Marc Hanrez, Christian Dedet, Bernard Gasco,
Frédéric Saenen et Jean-Pierre Cousteau (tous présents parmi nous ce
soir), concluant par un irrésistible " Agité du bocal ", qui permit à
l'assistance pénétrée et attentive de ressentir à nouveau les émotions
bien connues des habitués des textes de l'anachorète de Meudon.
L'heure avançait, avant de se quitter, la
présence de Véronique Robert-Chovin avec celle de François Gibault
suscita des questions sur l'état de santé de Lucette Almanzor.
Ce dernier prit alors la parole, après s'être concerté avec Véronique,
pour rassurer et expliquer qu'elle venait de fêter ses 105 ans, qu'elle
passait la plupart de ses journées alitée, aimait beaucoup écouter des
histoires drôles, conservait toute sa tête et évoquait encore
quelquefois des souvenirs partagés avec son mari.
Le président de la Société d'Etudes Céliniennes
conclut alors cette soirée par une annonce, elle aussi très attendue :
le prochain colloque de la S.E.C. aura lieu les 5, 6 et 7 juillet 2018 à
Paris dans les locaux de Sciences Politiques rue Saint-Guillaume, et le
thème en sera comme convenu : " Céline et le politique ".
PREMIERES
JOURNEES CELINIENNES
à
PUGET
sur ARGENS
Sur
la " Nationale 7 ", connue de toute la France grâce à
Charles TRENET, entre FREJUS et Le MUY, ce petit village varois
se retrouve à l'abri des flux des sur-populations estivales dans la basse vallée de l'ARGENS.
Avec une population approchant les 7000 âmes, il s'étire en longues
rues étroites
et propose aux visiteurs vieilles fontaines et une porte-beffroi
d'anciens remparts surmontée d'un campanile de 1775. Les majestueux pins
parasols qui l'environnent et les clairs cours d'eau qui
sillonnent sa campagne confèrent à ce site une douce
sérénité propice aux belles promenades comme à la cueillette
de fleurs sauvages...
* La RN 7
* La porte-beffroi avec
le campanile
* L'Espace Victor Hugo
* Fontaine de l'église.
PREMIERES JOURNEES CELINIENNES à
PUGET - sur - ARGENS
les
12 - 13
et 14 JUIN 2009
Il y avait bien
longtemps que les réunions céliniennes, sorte de grands-messes,
organisées et animées par mon ami Marc LAUDELOUT n'étaient plus, hélas,
à l'ordre du jour.
Le directeur du Bulletin célinien réussissait à regrouper à Paris comme
à Bruxelles plusieurs centaines de participants, avides de nouveautés
et de discussions-débats; rencontres entre passionnés avec grande
librairie et les ouvrages dédicacés par les conférenciers... Cela
manquait, cela me manquait...
Ensemble,
nous en avons discuté, nous avons pesé et soupesé l'opportunité de
renouveler une telle initiative, avec une gageure : dans un petit
village à 800 kms de Paris.
- "
C'est en Ile-de-France que le Bulletin compte le plus d'abonnés, et
c'est sans doute en Provence qu'il en compte le moins ! Et puis tu
sais, mon cher Michel, il faut d'une part, convaincre les invités
d'effectuer un long déplacement en train ou en voiture, et d'autre
part, il sera difficile de faire venir les céliniens de toutes les
autres régions... "
Peut-être... Et la décision fut prise. L'été prochain, en juin, pour
éviter les flux bien connus de juillet-août sur notre Côte d'Azur, nous
organiserons les " Premières Journées céliniennes " à Puget-sur-Argens.
Nous étions en décembre, quelques jours avant les fêtes de fin d'année.
Elles s'étaleront sur trois jours : le vendredi, destiné à une prise de
contact en fin d'après-midi, avec, le soir, un dîner pour les premiers
arrivants ; le samedi consacré au colloque proprement dit, de 10h à
19h, terminé par un repas gastronomique aux alentours de 20h30 et enfin
le dimanche réservé à la détente et au tourisme dans ce merveilleux
département du Var si couru par nos estivants.
J'écrivais alors sur le petit programme prévu pour chaque participant:
- " C'est avec une ambition beaucoup plus mesurée que nous avons voulu
retrouver, renouveler cet esprit, cette chaleureuse amitié, en tentant
de réussir une gageure : marier tourisme, littérature et gastronomie sur
un week-end, à Puget-sur-Argens, ce petit village
varois... "
Et les
cinq bons mois qui nous séparaient des 12, 13 et 14 juin 2009, n'ont
pas parus trop longs, tant il a fallu courir après les chambres
d'hôtes, les hôtels, les trains, les horaires, pour nos éminents
invités comme pour nos participants. La réussite étant au rendez-vous,
tout cela est bien vite oublié. Marc LAUDELOUT me fit observer un soir
qu'il n'était pas passé un seul jour durant ces cinq mois sans que nous
échangions au moins trois mails ou plus pour avancer dans notre
organisation, pour préciser, confirmer soit une venue, un horaire ou
bien une réservation...
Et en effet voici le magnifique programme qui fut présenté ce samedi 13
juin:
- 10h :
Ouverture des portes , salle Roger LEGRAND .
Librairie célinienne : Jean-Pierre LAPEYRE, bouquiniste niçois
Marc LAUDELOUT, nouveautés, biographies,
colloques, annales, Bulletins céliniens etc...
- 12h15
-12h30 : Buffet sous chapiteau offert généreusement par la
municipalité aux participants.
- 14h
: Allocution de bienvenue par Marc LAUDELOUT, directeur du
Bulletin célinien.
Nicole DEBRIE : Céline et
l'individuation.
François GIBAULT : L.F. Céline
et Jean Dubuffet.
Pierre LAINE : Joseph Garcin, Marcel
Lafaye et Céline.
Paul YONNET : Une lecture de Voyage au bout de la
nuit.
Textes lus : Patrick FERRETTE.
Théâtre : extrait du spectacle de Christophe BAJARD, ( " Courtial "
, adaptation de Mort à crédit ).
Projection d'un film documentaire sur Céline : " Céline, une
légende, une vie ".
Librairie célinienne. Séance de dédicaces.
Table ronde sur Céline avec nos invités, animée par Marc LAUDELOUT.
- 20h30 :
Repas gastronomique. Rendez-vous à la brasserie Casanova, parking "
Carrefour ".
Propos de bienvenue du premier magistrat
La
salle, une soixantaine de
personnes
Jean-Pierre Lapeyre le bouquiniste.
très attentives.
12h30,
le Maire va donner le la pour le
buffet,
Allocution de bienvenue de Marc
Marc
Laudelout, Pierre Lainé et Gilles
Naudou Laudelout.
devant la salle Roger Legrand.
Se succédèrent ensuite nos brillants invités devant une
salle ravie de l'accueil très chaleureux du Maire : " Il est rare,
souligne Marc LAUDELOUT, qu'une initiative célinienne soit aussi
favorablement accueillie par les autorités. Céline n'a guère l'habitude
d'être ainsi traité par les représentants de l'Etat français. "
Nicole DEBRIE : Licence de philosophie, de
psychanalyse et certifiée d'ethnologie. Auteur de " Céline " (édition
Emmanuel Vitte, 1961). " Il était une fois Céline. Les intuitions
psychanalytiques dans l'œuvre célinienne " (édition Aubier, 1990).
" Quand la mort est en colère. L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens " (chez l'auteur, 1997).
François GIBAULT : Avocat pénaliste réputé, né à
Paris en 1932, a été mêlé à divers grands procès
(l'attentat du Petit-Clamart, l'affaire Ben-Barka, l'OAS, Bokassa, Yann
Piat etc...). Conseil de la veuve de Louis-Ferdinand Céline, auteur
d'une grande biographie (en trois volumes) sur l'écrivain. Président de
la Société des Etudes céliniennes et de la Fondation Dubuffet. Officier
de l'Ordre de la Légion d'honneur. Il vient de terminer son troisième
roman, " Un nuage après l'autre ", et prépare l'édition de la
correspondance de Céline avec le pasteur Lochën.
Pierre LAINÉ : Universitaire, auteur d'une thèse
de doctorat " De la débâcle à l'insurrection contre le monde moderne.
L'itinéraire de Louis-Ferdinand Céline (1982) " et éditeur de la
correspondance de l'écrivain à Joseph Garcin, l'un des modèles de Bardamu (librairie Monnier, 1987). Auteur d'un "
Céline " paru en 2005
dans la collection " Qui suis-je ? " des éditions Pardès.
Paul YONNET
: Né en 1948, sociologue et essayiste
français, spécialiste du sport, des loisirs et de la mode. Ses travaux portent sur la psychologie, la sociologie,
l'anthropologie ou l'histoire. A publié : " Jeux, modes et masses
" (1985), " Voyage au centre du malaise Français " (1993), " François
Mitterrand le phénix " (2003), " La montagne et la mort " (2003). Il
dédicacera son tout dernier livre " Le testament de Céline " éditions
Bernard de Fallois.
Christophe BAJARD : Assureur et comédien
amateur, passionné de Louis-Ferdinand Céline, ce niçois a monté une adaptation d'extraits de
Mort à crédit (
Courtial des Pereires). Joue pour nous cette partie des plus hilarante
de l'œuvre.
Puis
Patrick FERETTE,
un habitué des " journées céliniennes ", lui aussi comédien amateur ,
chirurgien-dentiste de son métier, passionné par
le théâtre et Céline nous a interprété des passages de Casse-pipe où nous étions dans les murs de la caserne... Nous vivions les
scènes époustouflantes de réalisme et de drôlerie où intervenaient le
sergent Rancotte et Le Meheu, où le mot de passe perdu était dans tous
les esprits au milieu des jurons, de tonnerre, de chevaux et de merde...
Une pause, un entracte où des boissons fraîches attendaient
nos participants, permit à chacun de se précipiter sur notre
bouquiniste niçois et sur le stand du Bulletin célinien. Tous
avaient en pensée la séance de dédicaces annoncée pour la fin de
journée. La biographie de François GIBAULT avec ses trois tomes, " Le
testament" de Paul YONNET ainsi que les " dernières sorties "
proposées par le BC changèrent vite de mains...
En reprenant son siège, c'est l'émotion qui traversa
l'assistance dès qu'apparut à l'écran " Céline, une légende, une
vie " cet exceptionnel film documentaire où se succédèrent les
témoignages d' Eliane BONABEL, de Michel SIMON, d' ARLETTY, d' André
WILLEMIN, de Louis PAUWELS, du pasteur François LOCHEN ou de Jean
POMMERY...
Ces images bouleversantes que la plupart d'entre
nous découvraient à peine détachées de notre vue, Marc LAUDELOUT,
l'organisateur hors pair et métronome donnait le coup d'envoi de la
grande " table ronde ". Il demandait que viennent le rejoindre sur la
scène, François GIBAULT, Pierre LAINE et Paul YONNET.
De g.à d.:F.Gibault, P.Lainé,P.Yonnet,M.Laudelout La
salle
sous le charme.
Il était 19h30 environ quand nos
invités s'installèrent derrière leurs livres, prêts pour la séance de
dédicaces. Le hall décoré en affiches céliniennes, semblait bien trop
petit pour contenir près de soixante-dix personnes, conquises et
devenues électriquement acheteuses.
De g.àd.:JF.Moissin (adjoint),P.Lainé,M.Laudelout,M.Mouls,F.Gibault,P.Yonnet
Hall décoré " célinien "...
La journée avait été longue pour les " céliniens " qui
depuis 10h , ouverture de la librairie, n'avaient pas quitté la salle "
Roger Legrand ". Nous approchions alors des 20h.
Emplis d'images fortes, d'émotions
rentrées, de souvenirs confirmés à nouveau, riches des livres,
brochures, biographies, disques, affiches achetés et pour certains de
bustes céliniens, tous les participants, reprenant leurs esprits
au-dehors, ne pensaient plus dès lors qu'à se retrouver à la " grande
brasserie Casanova " pour ce repas gastronomique tant vanté.
Ils ne furent pas déçus. Un somptueux apéritif,
suivi de plats typiquement méditerranéens les attendaient. Se
mélangeaient pour les plus fins palais, croustades d'agneau, piperades,
darnes de saumon au fenouil avec les desserts : tiramisus, crumbles,
aumônières de fruits...
Le pari était tenu. Il était donc possible de réunir,
à 800 kms de la capitale, et depuis toutes les régions de France, une
soixantaine de " céliniens " afin qu'ils viennent communier, une
fois encore autour d'une belle table, en Provence, avec celui qui
détestait la chaleur, le soleil, et qui n'a de toute sa vie, bu que de
l'eau...
L'écho de cette réussite fut
portée à la connaissance des varois: le journal régional, Var-Matin
mentionnait le 23 juin suivant sous le titre " Littérature " l'article
suivant :
SUCCES DES RENCONTRES DEDIEES à CELINE.
Venus de la France entière, de
Belgique de Suisse ou d'Italie, les amateurs de Louis-Ferdinand Céline,
l'écrivain français le plus traduit aujourd'hui dans le monde, ont été
ravis de leur journée pugétoise.
La librairie ouverte dès 10 heures a été très
vite animée, l'accueil et l'apéritif du maire, sous un petit chapiteau,
très appréciés des nombreux participants qui à midi, pouvaient se
compter au nombre d'une cinquantaine. A partir de 14 heures, dans une
salle Roger-Legrand bien remplie, se sont succédé les conférenciers :
Nicole Debrie, François Gibault, Pierre Lainé et Paul Yonnet.
Leurs interventions harmonieusement
entrecoupées de textes lus par Patrick Ferrette, ou de moments de
théâtre proposés par Christophe Bajard, ont obtenu un grand succès. La
projection du film documentaire " Une légende, une vie " a été le point
d'orgue de ce magnifique après-midi qui s'est conclu par une table
ronde magistralement animée par Marc Laudelout.
(Je
tiens à remercier chaleureusement Laurent MION, le technicien
et le photographe, grâce à qui nous devons la réussite de cette
manifestation).
***************************
Lorsque mon vieil ami Michel Mouls me proposa
d'organiser une réunion célinienne dans son village de
Puget-sur-Argens (Var), j'avoue que j'ai hésité. Au
siècle précédent, la fameuse " Journée Céline " eut
toujours lieu à Paris face à un public d'une centaine de
personnes. Logique : c'est en Ile-de-France que le
Bulletin célinien compte le plus d'abonnés. Et c'est
sans doute en Provence qu'il en compte le moins. Y
organiser ces " Journées de Rencontres céliniennes "
relevait donc de la gageure. D'autre part, il fallait
convaincre les invités d'effectuer un long déplacement
en train ou en voiture : François Gibault (Paris),
Pierre Lainé (Bretagne) et Paul Yonnet (Normandie)
acceptèrent sans barguigner ; Nicole Debrie (Hyères)
vint en voisine.
D'autre part, il
fallait faire venir les céliniens de la région mais
aussi d'ailleurs. Pari tenu : une cinquantaine de
personnes
assistèrent à notre journée alors qu'on en espérait une
trentaine. Certains vinrent de villes voisines, (Fréjus,
Sainte-Maxime, Nice, Vallauris...) d'autres de beaucoup
plus loin (Bruxelles, Anvers, Genève, Lille, Paris...).
L'idée du cher
Michel Mouls consistait à étaler cette rencontre sur
trois jours : le vendredi destiné à une prise de contact
(un dîner réunit les premiers arrivés le soir) ; le
samedi consacré au colloque proprement dit ; et le
dimanche voué à la détente et au tourisme dans ce
superbe département provençal. Quelques abonnés, venus
de loin, en profitèrent pour y rester au-delà du
week-end.
La municipalité de
Puget-sur-Argens mit à notre disposition une belle salle
et offrit un généreux buffet aux participants : il est
rare, soulignons-le, qu'une initiative célinienne soit
aussi favorablement accueillie par les autorités. Mieux
: le maire en personne, M. Paul Boudoube, ouvrit le
colloque par une allocution chaleureuse et nuancée à
l'égard de l'écrivain. Concédons que Céline n'a guère
l'habitude d'être ainsi traité par les représentants de
l'Etat français !
Les participants
ont eu la gentillesse de me dire l'intérêt qu'ils
avaient trouvé à cette journée. Je crois pouvoir le dire
moi-même : que ce soit Nicole Debrie (sur Céline et
l'individuation), François Gibault (sur un étonnant
parallèle entre Céline et Dubuffet), Pierre Lainé (sur
Joseph Garcin et Marcel Lafaye, modèles biographiques de
Cascade et de Bardamu) ou Paul Yonnet (sur sa lecture de
Voyage au bout de la nuit), tous ont su captiver
le public par leurs connaissances et propos pertinents
sur le sujet. La projection du film " Une légende, une
vie " (1976), une table ronde sur le thème " Céline
aujourd'hui " et une grande librairie célinienne
(proposant éditions originales, raretés, mais aussi
livres neufs) complétèrent ce robuste programme qui se
clôtura, le soir, par un repas gastronomique.
L'avenir dira si
cette initiative sera renouvelée. La preuve est en tout
cas faite que, loin de la capitale, une réunion
célinienne peut être organisée avec succès. Que tous
ceux qui nous ont aidés, Michel Mouls et moi, à la
mettre sur pied trouvent ici l'expression de nos vifs
remerciements (1).
(1)
Notamment Patrick Ferrette, remarquable lecteur de
textes (de Céline, Jean Dubuffet et Paul Yonnet), et
Jean Lapeyre, bouquiniste niçois qui nous aida à
proposer une librairie bien achalandée en livres de et
sur l'écrivain. (BC n°310, juillet-août 2009).
************************
Tout l'historique des " JOURNÉES
CÉLINE " restait à être retracé...
On va pouvoir suivre ces moments si
forts, si conviviaux, où une assistance - composée jusqu'à près de
200 personnes - pouvait communier en compagnie des plus brillants
exégètes, avec textes, projections, théâtre, interviews, librairie,
retraçant la vie et l'œuvre de l'anachorète de Meudon.
18 NOVEMBRE 1989 -
1ère Journée CELINE à Bruxelles.
Elle
fut un incontestable succès. Et portant organiser dans la capitale belge
cette première assemblée des lecteurs du B.C. relevait de la gageure. Il
faut, en effet, rappeler que 80 % de nos abonnés sont français. Encore
fallait-il donc qu'ils répondent à notre invitation et n'hésitent point
à franchir la frontière pour nous rencontrer.
Grâce à eux notre initiative fut
récompensée puisque c'est une bonne soixantaine de personnes qui
assistèrent à cette première rencontre. Certains vinrent de très loin,
comme M. Hubert Bernabé (Toulouse) qui a bien voulu, en outre, nous
faire part de sa satisfaction : " Je garde un excellent souvenir de
votre accueil à Bruxelles. Pierre Monnier a évoqué avec beaucoup de
naturel et d'émotion son amitié avec Céline. Il me semblait, par
instant, sentir la présence de notre écrivain, tant ses propos étaient
chaleureux et sympathiques. Paul Chambrillon est resté anecdotique mais
néanmoins très intéressant. Les deux films visionnés m'ont procuré un
choc et une grande joie. En effet, j'ai découvert Céline " en vie ", "
en image ", truculent, ironique, railleur, touchant... et
fantastiquement pertinent, humain et désabusé, tel Bardamu-Ferdinand,
celui de l'œuvre et qui lui est très proche. "
Dans l'assistance, on releva la
présence de l'écrivain Jean Mabire, des céliniens hollandais Michel Uyen
et Peter Altena, d'Eric Croënne, président du Cercle Cadoudal, et de
Pierre-Marie Miroux qui vient de soutenir une remarquable thèse, à
l'Université de Lille, sur " La mort dans l'œuvre de Céline ".
Remercions aussi Henri Thyssens, " le premier libraire célinien de
Belgique ", qui proposa à cette occasion divers ouvrages de et sur
Céline, dont certaines raretés qui firent la joie des amateurs.
Rendez-vous est d'ores et déjà pris
pour un deuxième rendez-vous cette année.
(BC n°89, janv. 1990).
22 MARS 1991 - 2ième Assemblée des lecteurs du Bulletin célinien à
Paris.
A
19h30, conférence de Jean Bastier " Louis-Ferdinand Céline, le
cuirassier blessé " - Entretiens de Céline avec Louis Pauwels et
Pierre Dumayet - Table ronde " Céline, 30 ans après " (Alphonse Boudard,
Paul Chambrillon, Pierre Monnier, ... ) Adresse : Maison des Mines (270
rue Saint Jacques, Paris Vème).
Le programme de cette soirée est varié
à souhait. Il commencera par une conférence de Jean Bastier, professeur
agrégé des Facultés de droit et enseignant l'histoire économique et
l'histoire des idées politiques à l'Université des sciences sociales de
Toulouse. Il est également devenu un spécialiste de l'histoire de la
guerre de 1914-1918. Travaillant sur des sources inédites, il a publié
en 1989 un remarquable Pierre Drieu la Rochelle, soldat de la Grande
Guerre (éd. Albatros) salué par la critique. Il prépare actuellement
un ouvrage analogue sur Louis-Ferdinand Céline, le cuirassier blessé
qui sera naturellement le thème de sa causerie.
Hormis les lecteurs qui firent en
1989 le déplacement à Bruxelles, rares sont certainement ceux qui ont vu
dans leur intégralité les deux seuls entretiens que Céline eut avec la
télévision française - Louis Pauwels et Pierre Dumayet - diffusés
naguère sur la Sept, chaîne très peu reçue dans les foyers français.
Aussi, avons-nous pensé intéressant de les rediffuser à cette occasion.
Ce sont deux documents exceptionnels, l'un tourné à Meudon, l'autre dans
les studios de la télévision française.
La soirée se terminera par une table
ronde dont le thème sera " Céline, trente ans après ". Alphonse Boudard,
Paul Chambrillon et Pierre Monnier nous ont déjà assuré de leur
présence. D'autres participations ne sont pas exclues et ces auteurs
dédicaceront leurs livres à l'issue de cette assemblée. Il est également
à noter que notre ami Henri Thyssens tiendra une petite librairie
célinienne proposant différentes éditions - rares pour la plupart - de
Céline.
Cette soirée est, rappelons-le,
organisée en collaboration avec le Centre culturel Horizons,
dirigé par Eric Croënne, sans lequel, il faut le souligner, elle
n'aurait pu avoir lieu dans la capitale française.
***
La salle de la Maison des Mines était comble,
ce vendredi 22 mars, pour notre 2ième Assemblée de lecteurs. Vous étiez
environ 200, parmi lesquels on releva la présence de plusieurs écrivains
et journalistes : Jean Mabire, Micheline Peyrebonne, Emmanuel Ratier,
Serge Thion et Claude Adam, président de l'Union des Intellectuels
indépendants. Des personnalités du spectacle étaient également présentes
: Daniel Ivernel, Isabelle Gaumet, Jean Saudray (qui préparent un
spectacle sur Proust et Céline), et André Dunand, l'interprète de "
L'extraordinaire épopée de Ferdinand Bardamu ".
Après avoir prononcé le traditionnel message de
bienvenue, Marc Laudelout présenta le conférencier, Jean Bastier,
professeur agrégé à l'Université des Sciences sociales de Toulouse, qui
prépare actuellement un ouvrage d'envergure sur Céline, le cuirassier
blessé. C'est en quelque sorte la primeur de ce livre qu'il nous
donna avec un exposé vivant, rigoureux et précis de ce que fut la Grande
Guerre de Louis Destouches, maréchal des logis au 2ième régiment de
cuirassiers. C'est aussi avec beaucoup de sensibilité, voire même de
compassion que Jean Bastier évoqua ces combattants d'une guerre atroce,
" universelle moquerie " comme l'a si cruellement écrit Céline dans
Voyage au bout de la nuit.
Grâce à des sources militaires inédites, Bastier a
retrouvé quelques uns des modèles des personnages figurant dans la
première partie du roman, et ce n'est pas assurément le moindre intérêt
de cette recherche.
Une pause permit ensuite à Jean Bastier, Alphonse
Boudard, Nicole Debrie et Paul Chambrillon de dédicacer leurs ouvrages.
Les participants eurent également l'occasion d'assiéger la librairie
célinienne tenue par Henri Thyssens à l'occasion de cette soirée.
Vint ensuite la projection des deux entretiens avec
Pierre Dumayet (1957) et Louis Pauwels (1959). Moments extraordinaires
que ceux-là et qui provoquent toujours chez les spectateurs l'émotion,
le rire et... des applaudissements nourris. Pour certains, c'était
d'ailleurs la première fois qu'ils avaient l'occasion de voir ces
documents dans leur intégralité. Puissent-ils être commercialisés dans
un proche avenir afin que tous les céliniens aient la possibilité de les
découvrir. Une observation, au passage : dans sa présentation, Marc
Laudelout rappela qu'en dix ans (1951-1961), la télévision française ne
s'intéressa que deux fois à Céline. Encore faut-il signaler que le
M.R.A.P. (déjà !), réussit à faire interdire la diffusion du second
entretien qui ne passa sur les ondes que bien des années plus tard. Et,
en cette année du trentenaire de la mort de Céline, il n'est sans doute
pas inutile de rappeler qu'en juillet 1961 la télévision française dut
se résoudre à ne pas programmer le reportage prévu dans ses " Actualités
", censure oblige.
Après une seconde pause, la soirée se conclut par
une Table ronde organisée autour du trentenaire. Jean Bastier, Serge
Perrault, Alphonse Boudard, Paul Chambrillon et Pierre Monnier
apportèrent qui leur témoignage sur l'homme qu'ils ont connu, qui leur
appréciation de l'œuvre, et ce de manière
vivante et sensible. Ici encore, le public ne ménagea pas ses
applaudissements aux intervenants ainsi qu'à Eric Croënne, président du
Cercle culturel Horizons, sans lequel cette réunion n'aurait pu
se tenir à Paris. L'expérience ayant été heureuse, les co-organisateurs
se sont promis de la rééditer l'année prochaine.
(BC n° 104, mai 1991).
23 MAI 1992 - 3ième Journée
CELINE à Bruxelles.
C'est
par un soleil radieux que Bruxelles accueillit les participants à la
3ième Journée-Céline organisée par le Bulletin célinien. Sans
doute est-ce le beau temps cumulé à la distance (la majorité des abonnés
étant Français) qui dissuadèrent beaucoup d'entre eux de faire le
déplacement jusque Bruxelles. Car, il faut bien le dire, ce samedi 23
mai, vous étiez nettement moins nombreux - une quarantaine, environ -
que l'année passée à Paris, où la salle des Mines, rue Saint-Jacques,
était comble. Il faudra certes en tirer les conclusions pour la
prochaine édition, mais nous n'en sommes pas encore là.
Cette fois, c'est l'Hôtel Bedford, rue du Midi, qui
nous hébergea dans son très beau cadre et ce sont deux librairies -
Dismas et La Sirène - qui nous firent l'amitié d'être des nôtres. De
nombreux livres de et sur Céline étaient proposés dont la plaquette
reprenant cet étonnant reportage (signé Karin Hatker) à Sigmaringen en
1944, dont nous vous avons signalé la parution dans notre précédent
numéro et que présentait pour la première fois l'équipe de Dismas.
Après le traditionnel message de bienvenue prononcé
par Marc Laudelout - qui indiqua que cette réunion se tenait à quelques
mètres de la place Rouppe où eut lieu en juillet 1873 l'altercation
entre Rimbaud et Verlaine -, le directeur du Bulletin célinien
présenta le film D'un Céline l'autre réalisé en 1969 par Yannick
Bellon (avec des reportages de Michel Polac et Michel Vianney). Au cours
de la première partie de ce film, les participants eurent l'occasion de
voir et d'entendre ceux que l'on peut qualifier de céliniens "
historiques ", dont la plupart nous ont quittés : René Barjavel, Marcel
Brochard, André Willemin et Dominique de Roux. On eut également
l'occasion d'entendre les interventions, plus brèves, de Michel Simon ou
de Pierre Lazareff, dont l'admiration qu'il avait pour Céline constitua
une surprise pour beaucoup.
Cette projection fut immédiatement suivie d'un
entretien à bâtons rompus de Marc Laudelout avec Serge Perrault, auteur
de Céline de mes souvenirs qui vient de paraître aux éditions du
Lérot. D'entrée de jeu, le danseur étoile émérite de l'Opéra de Paris
confia son émotion suite à la vision de ce document dans lequel il
apparaît d'ailleurs en compagnie du docteur Willemin, tous deux filmés
voici plus de vingt ans. Ce fut également pour lui l'occasion d'évoquer
en termes sensibles et justes la figure de Mme Almansor-Destouches qui
apparaît également à plusieurs reprises dans ce film. A travers ses
propos, on percevait la force des liens d'amitié qui le lient à "
Lucette " depuis un demi-siècle.
Ensuite, Serge Perrault fut plus particulièrement
interrogé sur la passion de Céline pour la danse et... les danseuses. Il
en parla avec beaucoup d'intelligence, replaçant cette fascination du
monde de la danse dans un cadre plus vaste qui est celui de l'esthétique
célinienne, voire même sa conception de vie idéale. Perrault fut
également amené à livrer son jugement sur les ballets et autres textes
de Céline pour la danse. Si littérairement il les trouve d'une grande
beauté, son appréciation est, en revanche plus réservée quant à leur
possibilité d'être adaptés à la scène. Un poète n'est pas forcément un
professionnel de l'écriture scénographique. Notre invité d'honneur
évoqua enfin l'homme-Céline qu'il connut dès 1941, et le moins que l'on
puisse dire est que l'image qu'il en a conservée tranche singulièrement
avec les mythes et légendes entretenus par d'aucuns qui, eux, ne l'ont
jamais rencontré, ou très épisodiquement.
Nous étions particulièrement heureux de compter
Serge Perrault parmi nous cet après-midi tant la personnalité de cet
homme probe et modeste est attachante. Qu'il trouve ici l'expression de
notre chaleureuse gratitude.
Une pause permit ensuite aux amateurs d'assiéger les
stands de La Sirène, de Dismas et du Bulletin célinien.
Cet intermède fut suivi par la projection de la seconde partie du film
D'un Céline l'autre dans laquelle interviennent Gen Paul
(extraordinaire témoignage), Jean Pommery, Michel Audiard - eux aussi
disparus, hélas - et d'autres, heureusement bien vivants, tels nos amis
Alphonse Boudard et Jean Guénot.
Une fois encore, croyons-nous, Le Bulletin
célinien offrit à ses abonnés un important document filmé, d'autant
que ce film
est émaillé d'extraits de la mémorable interview avec Louis
Pauwels réalisé en 1959 à Meudon.
Pour clore cette journée, dont la date coïncida
presque avec l'anniversaire de la naissance de Céline, les participants
furent conviés à écouter une Table ronde sur le thème " Céline
aujourd'hui ". Elle réunit une brochette de céliniens patentés : Michaël Donley, Eric Mazet, Marc Hanrez, Pierre Monnier, Pierre Duverger, Serge
Perrault et Paul Chambrillon, excusez du peu ! (Nicole Debrie, empêchée,
s'était fait excuser). Les cinq derniers cités ayant en outre comme
caractéristique commune le privilège d'avoir connu Céline et donc de
pouvoir témoigner. Et tous avaient en commun - sans pour autant verser
dans l'hagiographie - de ne pas considérer Céline comme un " salaud " ou
une " ordure " comme d'aucuns ont aujourd'hui tendance à associer ces
mots avec celui de " génie littéraire " ou " d'écrivain majeur de ce
siècle ".
Cela étant dit, il apparaît difficile de vouloir
résumer ici cette Table ronde tant elle fut foisonnante et riche
d'appréciations diverses. Car bien des points furent abordés dont
naturellement la place qu'occupe désormais Céline dans la littérature
universelle et les raisons qui suscitent cet intérêt renouvelé et même
intensifié auprès des nouvelles générations. On s'interrogea également
sur ce qui constitue l'importance de l'écrivain : poète, romancier
novateur mais aussi visionnaire et prophète de la décadence. Les
personnalités invitées furent également questionnées sur leur évolution
personnelle dans l'appréciation de l'œuvre
et les découvertes qu'ils font encore aujourd'hui en le relisant. Des
aspects significatifs de l'actuelle réception de l'œuvre
furent également abordés, telle la polémique suscitée par la préface de
Philippe Sollers aux Lettres à la N.R.F. ou encore le refus de
classement de la maison de Céline dont il est à nouveau question dans ce
numéro.
Le Bulletin célinien tient à exprimer ses
remerciements à tous ceux qui ont fait de cette Journée-Céline une
réussite : Alain Aelberts et Jean-Jacques Auquier, Henri et Jeanine
Thyssens, Marc Van Besien, Robert Steuckers, Ralf Van den Haute, Florent
et Yvonne Morési. A tous, merci !
(BC n°118, juillet 1992).
30
AVRIL 1994 - 4ième Journée CELINE à Paris.
Grande Journée Céline organisée par Le
Bulletin célinien, ce samedi 30 avril 1994 de 14h 30 à 20 heures au
Musée social , 5 rue Las Cases, Paris 7ème (métro : Solférino).
Si notre Journée annuelle fut très confraternellement
annoncée dans la presse française, du Quotidien de Paris à la
Quinzaine littéraire en passant par Monde et vie et
Rivarol, seul ce dernier en a publié un compte-rendu sous le titre "
Une journée buissonnière autour de Céline " (9 mai 1994). Comment mieux
donner aux absents le taraudant regret de n'avoir pas assisté à notre
réunion qu'en reproduisant ici cet article généreux ?... Et susciter
chez eux la ferme volonté de ne pas rater la prochaine qui se tiendra
également dans la capitale française.
" La vraie littérature des maîtres, c'est la
littérature des camarades. " La jolie formule de Pol Vandromme pourrait
résumer à merveille l'esprit de franche complicité dans lequel s'est
tenue la Journée Louis-Ferdinand Céline au Musée social à Paris, le
samedi 30 avril, à l'initiative du Bulletin célinien, animée par
Marc Laudelout, à l'occasion du centenaire de la naissance de
l'écrivain. En dépit d'une journée estivale peu propice à ce genre de
rassemblements, cet anniversaire fut un franc succès.
Près de trois cents personnes - certaines venues de
fort loin - ont assisté aux diverses réunions et projections de films.
Ainsi ont-elles pu voir ou redécouvrir le fameux entretien de Pierre
Dumayet avec Céline dans Lectures pour tous (1957) ou encore,
celui plus inattendu du jeune Louis Pauwels (1959).
Marc Laudelout a d'ailleurs pu annoncer que ces
films seront repris dans le cadre d'une soirée sur Arte,
consacrée à Céline, prévue pour le 23 mai. Avant la " Table ronde "
animée par quelques fervents pionniers de la critique célinienne,
nombreux furent ceux qui ont assailli la " boutique Céline " où étaient
vendus des revues, des cassettes, des cartes postales et des livres
rares plus ou moins connus sur l'écrivain né à Courbevoie voici cent
ans.
Autour des céliniens avertis que sont Jacques d'Arribehaude,
Jacqueline Morand, Jean Caillandreau, Eric Mazet, Pierre Monnier, Paul
Chambrillon,
Stéphane Zagdanski (1), dont certains sont des
collaborateurs du Bulletin, l'après-midi a pris un tour plus jovial,
voire farceur, ce qui ne semblait pas du tout déplaire à Marc Laudelout,
content que cette " Table ronde " échappe à tout académisme. C'est donc
dans une ambiance presque " dadaïste " que les " conférenciers ", qui
l'étaient si peu par tempérament, ont décliné avec ferveur leurs
rencontres avec Céline. Au milieu de cette joyeuse troupe, trônait le
remuant Zagdanski, auteur du très controversé Céline seul
(Gallimard, 1993), qui n'a pu s'empêcher de nous révéler avec des airs
de conspirateur, la sortie prochaine d'un essai de son copain Nabe - qui
lui aussi multipliait les pitreries - sur Lucette Destouches (NDLR : Par
égard pour elle, nous censurons ici les inopportunes précisions de
Zagdanski rapportées par notre confrère). Pierre Monnier, auteur de
Ferdinand furieux, devait apporter, tout comme Jacques d'Arribehaude,
un témoignage précieux sur l'homme que fut Céline.
Après un excellent extrait de Casse-pipe, par
le théâtre de la Baraque Foraine, ce vagabondage célinien s'est
joyeusement terminé au restaurant Le Saint-Germain par un dîner
présidé par l'auteur des Pendules à l'heure, ultime récréation
d'une journée indiscutablement placée sous le signe de l'amitié grâce au
talent et à la force de conviction de Marc Laudelout qui connaît bien
son petit monde. "
(Guillaume Lagerbe, BC n°141, juin 1994).
(1) Alphonse Boudard, également
pressenti mais malheureusement souffrant ce jour, ne put être de la
fête. A préciser qu'entre la projection du film et la table ronde, eut
lieu un récital de textes (Petite musique de jour et de nuit)
dits par Yves-Jacques Bouin et judicieusement choisis par Dominique et
Alain Ajax. Celui-ci est également l'auteur du texte, sobre, sensible et
juste, de La Chanson de Ferdinand (musique : Lino Léonardi) qui
fut interprétée par l'artiste et créée à cette occasion. Les
organisateurs tiennent à présenter leurs excuses publiques à l'artiste
ainsi qu'à Alain Ajax pour avoir dû, " timing " oblige, écourter cette
prestation d'une manière quelque peu... hardie... Nostra culpa !
20 MAI 1995 - 5ième JOURNEE
CELINE à Paris.
Organisée
par Le Bulletin célinien, le samedi 20 mai 1995, de 15h à 19h.
I.F.G. (salle jean Benoît) 37 quai de Grenelle, Paris 15ème (métro Bir-Hakeim).
Invité d'honneur : Alphonse Juilland. Salle climatisée.
Ce numéro sera centré sur notre Journée
Céline. Plusieurs d'entre vous ont eu l'indulgence de nous dire qu'elle
fut réussie. Si ce fut le cas, c'est essentiellement grâce à la présence
des personnalités qui nous firent l'honneur d'y participer : le
professeur Alphonse Juilland, Pierre Monnier, Arina Istratova, Marcella
Maltais et Pierre Chalmin. Qu'ils soient à nouveau remerciés de leur
amicale contribution. Il convient de ne pas oublier le public attentif
et enthousiaste (200 personnes environ) qui leur réserva un accueil
chaleureux. Si la presse annonça avec générosité notre manifestation,
Guillaume Lagerbe, fidèle et amical, fut, comme l'an passée, le seul à
en rendre compte dans la presse.
" Je suis surtout venu à Céline à travers ses
pamphlets et notamment L'Ecole des cadavres ", a confessé devant un
auditoire
passionné le professeur Alphonse Juilland (1), spécialement venu de
Californie à l'occasion de l'après-midi Céline organisée par Le
Bulletin célinien de Marc Laudelout, quai de Grenelle, le 20 mai. Le
ton de cette petite réunion d'amateurs du Voyage était donné (2).
Du sérieux, certes, mais rien de professoral. Très
attendu, Juilland a raconté comment, à force de persévérance - il y a
mis presque dix ans - il était parvenu à retrouver aux Etats-Unis,
Elizabeth Craig, la dédicataire du Voyage au bout de la nuit qui
a tant compté pour Céline. L'émotion fut au rendez-vous quand Pierre
Monnier, l'auteur de Ferdinand furieux, l'un des très rares amis
de Céline à ne pas s'être fâché à un moment ou à un autre avec le
maître, évoqua la solitude de l'écrivain après 1945...
L'après-midi ne fut pourtant pas que célinienne...
Pour prouver que le Bulletin s'intéresse aussi aux jeunes
talents, Marc Laudelout avait invité Pierre Chalmin, auteur au
Dilettante d'un roman étonnant Le Petit Crevé où, à travers une
éducation sentimentale singulière, l'on retrouve l'influence de Balzac,
de Bloy, et bien sûr de Céline. Cette promenade autour de Destouches
s'est poursuivie avec la projection de plusieurs documents filmés dont
le célèbre entretien avec Pierre Dumayet, au cours duquel l'auteur d'Un
château l'autre se livre à un extraordinaire numéro de cabotinage à
la Dali.
Quelques minutes avant, Gen Paul avait évoqué le
Céline patriote jusqu'au bout des ongles, fier de porter sa Médaille
Militaire... Les plus chanceux des céliniens ont achevé cette journée
buissonnière au restaurant Ma Bigorre en présence de Colette Destouches
- la fille de l'écrivain - et de la femme de Gen Paul. (Guillaume
Lagerbe).
(1) Encore faut-il préciser que
c'est la richesse de la langue et du vocabulaire céliniens qui
éblouirent alors le jeune Juilland.
(2) Nombreuses furent les personnalités à assister à
notre Journée. Outre la présence de Colette Destouches-Turpin et celle
de Gaby Gen Paul, citons quelques céliniens patentés qui nous firent
l'amitié d'être présents (André Bernot, Françoise Brégis, Paul
Chambrillon, Nicole Debrie, Michaël Donley, Eric Mazet, Serge Perrault,
Stenio Solinas, Jan Versteeg), sans oubler écrivains et journalistes
amis (Georges Allary, Jean-Paul Angelelli, Jacques Danière, Michel Dejus,
Pascal Junod, Françis Puyalte, Emmanuel Ratier, Jean-Luc Sirviey...).
Deux invitées
exceptionnelles.
Les participants à notre Journée Céline eurent, en
outre, le plaisir d'écouter deux invitées dont la présence n'avait pas
été annoncée : Marcella Maltais, venue du Québec, et Arina Istratova,
venue de Russie.
Arina Istratova s'exprima la première. Moscovite,
elle est, avec Tatiana Kondratovitch, l'une des traductrices de l'œuvre
de Céline, ayant notamment réussi cet exploit de faire publier la
traduction de Mea culpa la veille du putsch raté de 1991 (1).
Elle travaille actuellement à une traduction de Semmelweis, et
fait partie de la Société des Etudes céliniennes de Russie dont elle
exposa les nombreux projets. Auteur d'un mémoire de maîtrise sur Alfred
Jarry (Université de Moscou), Arina Istratova a déjà traduit de nombreux
auteurs français, dont Marcel Aymé et Pierre Gripari.
C'est peu dire qu'elle captiva le public, ce 20 mai,
tant son enthousiasme et sa passion pour l'œuvre
célinienne sont attachants. Un grand moment d'émotion fut, à la demande
de Marc Laudelout, sa lecture en russe de l'ouverture de Mort à
crédit. Le courrier des lecteurs (voir dans ce numéro) témoigne de
l'intérêt suscité par cette remarquable ambassadrice de l'œuvre
célinienne en Russie.
Marcella Maltais, qui a réalisé le portrait de
couverture du numéro 133 (octobre 1993), était venue présenter son livre
L'Hôtel crève-cœur, édité au Québec
et qui venait tout juste de sortir des presses (2). L'œuvre
picturale de Marcella Maltais est connue. Avec ce livre, recueil de
notes et de rêves, elle nous emmène autour de l'Hôtel du Nord et du
canal Saint-Martin où, depuis 1958, elle travaille et fait d'étonnantes
rencontres...
Livre illustré de magnifiques tableaux peints à cet
endroit, l'Hôtel crève-cœur est aussi
un appel à la préservation de ces lieux de culture et de beauté, sources
d'inspiration des artistes. Ce livre est tout empli de la présence
d'Eugène Dabit, d'Arletty, de Céline et de notre cher Pierre Monnier qui
était au premier rang pour applaudir son amie franco-canadienne. C'est
avec simplicité et chaleur que Marcella Maltais nous parla de son livre.
Merci à toutes deux pour ces moments d'intense
émotion. (E.M.)
(1) Voir Eric Mazet, Le docteur
Céline au pays des âmes mortes, Le Bulletin célinien n°132, sept. 1993.
(2) Marcella Maltais,
l'Hôtel crève-cœur,
Ed. du Lac, 1995. Tirage limité à 1000 exemplaires.
Merci !
Une manifestation comme celle-là ne peut être
réalisée par une seule personne. Je tiens à remercier tous ceux qui ont
apporté leur concours à la réussite de cette Journée Céline : Paul
Angeledeï, Odile Barckicke, Georges Bruyninckz, Denis Coste, Pierre Jaud,
Eric Mazet, Florent et Yvonne Morési et Gilles Naudou. Merci à tous. M.L.
(BC n° 154, juillet 95).
30
MARS 1996 - 6ème JOURNEE CELINE à Paris.
Ce
numéro souhaite conserver le souvenir du 30 mars1996, date de notre
dernière Journée Céline qui eut Colette Destouches comme invitée
d'honneur. Jean-Paul Angelelli a bien voulu en rédiger un bref
compte-rendu. Car, pour une fois, le texte cèdera le pas à
l'iconographie. Les photographies " immortalisant " notre rencontre
annuelle sont dues à Jean-Pierre Berriau.
Le 30 mars, la huitième après-midi Céline a connu un franc succès, la
salle se révélant trop exiguë et, comme l'a dit Marc Laudelout,
directeur du Bulletin célinien et organisateur : " L'an prochain,
nous nous réunirons au Zénith ! "
Ce qui apparaît de plus en plus comme un colloque de
haute tenue a vu se succéder sans interruption des intervenants aussi
divers que Mme Anne Henry, professeur à l'Université de Montpellier,
spécialiste de Proust et de Céline, Alain de Benoist qui vient de
rédiger une très précise mise au point sur Céline et l'Allemagne, de
nombreux chercheurs, journalistes et critiques rendirent hommage à
l'acteur Robert Le Vigan - " La Vigue ". Enfin, clôturant le tout,
l'invité d'honneur n'était autre que la fille unique de l'écrivain,
Colette Destouches-Turpin.
Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Céline reste
l'écrivain capital de la littérature française (et même mondiale) du
XXème siècle. Mais à son sujet, il faut se garder de deux tentations :
l'hagiographie pieuse et l'éreintement systématique. Ce que réussit très
bien Marc Laudelout dans son mensuel qui paraît depuis quinze ans.
Il faut donc comprendre Ferdinand, ce qui ne veut pas
dire l'approuver en tout et sur tout. Anne Henry qui a publié en 1994
Céline écrivain (1) nous révèle un Céline passionné de cinéma muet
et surtout inspiré par Nietzsche et Schopenhauer. Longuement interrogée
par Marc Laudelout, Mme Henry a dénoncé le Politiquement Correct et la
domination marxiste dans l'université et regretté que les pamphlets ne
soient pas réédités. Notamment Bagatelles, dans lequel elle voit
plus une diatribe anticommuniste (annoncée dans Mea culpa) que
des attaques antisémites. Encore que les deux aillent de pair : comme
l'a souligné Nicole Debrie dans une intervention percutante. Il est
maintenant avéré, surtout après le livre de Stephen Koch, que la plus
grande partie de l'intelligentsia des années 30 était manipulée ou
infiltrée par le Komintern dont les principaux agents (mais pas
exclusivement) étaient juifs. Excédé par les campagnes venimeuses du
journal Commune à son égard, Céline a réagi à sa manière qui
n'était pas tendre, on ne le sait que trop.
Il avait des amis proches comme Robert Coquillaud
dit Le Vigan. Le critique de cinéma Claude Beylie lui consacre un livre
qui paraîtra cet automne (2). Pour lui, Le Vigan est " le plus grand
comédien du siècle ". Non seulement au cinéma (soixante-dix films) où sa
présence était inoubliable mais aussi au théâtre, le grand (Cocteau)
comme le mineur (revues, opérettes, etc). Le Vigan, quelque peu
caricaturé par Céline dans sa trilogie allemande, mérite d'être
redécouvert, lui qui, après avoir été le " bouc émissaire des comités
d'épuration ", s'exila volontairement et mourut isolé et malade en
Argentine en 1972. François Le Cauchois veut réaliser un film
documentaire sur l'acteur à partir des témoins de son existence,
d'extraits de films et d'entretiens, malheureusement difficiles à
reconstituer. Il nous en présenta quelques images émouvantes. Le Vigan,
croyant,
eut une mort très chrétienne.
Mme Destouches-Turpin se souvient de ce père
extraordinaire, pas laxiste du tout, qui l'emmena plusieurs fois à la
S.D.N. mais l'envoyait jouer dans les jardins quand il rencontrait des
Chinois (on connaît l'obsession chinoise de Céline à la fin de sa vie)
et dont elle partagea l'existence ; y compris quand il écrivait de nuit
(et en parlant) le Voyage, ce qui empêchait la fillette de
dormir. Un père superbe et tendre qui lui écrivait ainsi qu'à sa mère
des lettres " touchantes " du Danemark. Une correspondance qu'elle
publiera sans doute, du moins celle qui la concerne.
Colette Destouches a évolué dans son jugement sur l'œuvre
paternelle, qu'elle apprécie davantage maintenant. Elle a confirmé que
si Céline n'a jamais été trépané, il a souffert jusqu'à sa mort de
l'éclat d'obus l'ayant frappé en 1914. En plus, il avait certainement un
tympan éclaté et n'exagérait pas quand il se plaignait de forts
bourdonnements auditifs. Travailleur acharné, il ressentit durement son
échec au Goncourt de 1932, prix qu'il croyait sûr après l'article et le
soutien enthousiastes de Léon Daudet.
Elle évoqua aussi cet épisode du Voyage où
Bardamu assiste à la mort d'un enfant atteint de méningite tuberculeuse.
Céline avait vécu douloureusement ce décès, le gosse étant le fils de la
concierge rue Lepic, devenue dans le livre la mère Henrouille...
Le vrai Céline était là...
J.-P. A.
(1) Editions de L'Harmattan,1994.
(2) Après Hervé Le Boterf, qui avait publié un Le
Vigan le mal aimé du cinéma, Le Vigan est qualifié de " comédien
halluciné, démesuré et génialé " par Philippe d'Hugues dans son
Almanach du Cinéma dont vient de paraître une édition remise à jour
chez Encyclopédia Universalis.
Ils y étaient...
Comme
chaque année, plusieurs journalistes et écrivains nous firent l'amitié
d'être des nôtres. Nous avons notamment relevé la présence de Claude
Adam (président de l'Union des Intellectuels indépendants), Jean-Paul
Angelelli, Jacques d'Arribehaude, Guy Baartmans, Bernard Baritaud
(directeur du Centre de réflexion sur les auteurs méconnus), Pierre
Chalmin, Paul Chambrillon, Nicole Debrie, Michel Dejus, Michaël Donley
(venu spécialement de Londres), Jean Groenen (qui prononça en... 1963
une conférence sur Céline au Jeune Barreau d'Anvers), Arnaud
Guyot-Jeannin, Philippe d'Hugues, Pierre Lainé, Chantal Le Bobinnec,
Marcella Maltais, Pierre Monnier, Lionel de Meslon (président de
l'association Les Glâneurs), Serge Perrault, Francis Puyalte...
Merci à tous de leur fidélité à notre réunion
annuelle.
MERCI !
Comme chaque année, Le Bulletin célinien
a pu compter sur l'aide de plusieurs personnes pour la bonne
organisation de sa Journée Céline. Notre gratitude va à tous ceux
qui ont apporté leur contribution, grande ou petite, à cette journée.
Paul Angeledeï, Odile Barckicke, Ivan Cacitti, Denis Coste, Fleur
Dauphine, Bernard Lemaire, Eric Mazet, Florent et Yvonne Morési. Quatre
abonnés, qui n'ont pu être des nôtres le 30 mars, ont tenu à soutenir
notre initiative par un don : merci à Philippe Aran, Edmond Gaudin,
Alphonse Juilland, et Maurice Santerre.
(BC n°164, mai 1996).
22 MARS 1997 - 7ème JOURNEE
CELINE à Paris.
Organisée
par Le Bulletin célinien, ce 22 mars , de 14 à 19 heures. Invité
d'honneur : Claude DUNETON, autres participants : Jean-Claude
Albert-Weil, Eliane Bonabel, Nicole Debrie, entretien télévisé de Louis
Pauwels avec Céline (1960), textes de Céline lus par Patrick Ferrette et
Richard Demaury, "Guignol's band " par la Compagnie Catherine Sorba.
I.F.G. salle Jean Benoît, 37 quai de Grenelle, Paris 15ème (métro Bir-Hakeim),
participation aux frais 80 F.
Notre prochain numéro rendra compte de notre
réunion annuelle qui s'est tenue le 22 mars à Paris. Nous souhaitons
d'ores et déjà remercier tous ceux qui ont participé à l'organisation de
cette journée : Guy et Yvette Baartmans, Lionel Biebuyck, George
Bruyninckx, Eric Mazet, Florent et Yvonne Morési, Fleur Saint-Briac,
France Saint-Pierre.
Merci aussi à ceux qui, n'ayant pu être des nôtres,
ont tenu à manifester leur sympathie par un don : Philippe Aran, Gérard
Auzou, Gérard Boisquillon, Jacques Carlon, René-Pierre Jousselin,
Alphonse Juilland, et Maurice Santerre. A tous, merci !
* * *
Plein succès pour la journée du 22 mars,
organisée sous l'égide du Bulletin célinien qu'anime Marc
Laudelout. Comme chaque année, le programme était éclectique : réflexion
et témoignage avec Eliane Bonabel qui connut, enfant, le docteur
Destouches, avant de devenir l'amie de sa fille unique, d'illustrer
Voyage, puis Scandale aux abysses et de se rendre à la prison
de Copenhague où Céline était retenu, visite qu'il qualifia de "
miracle " (1).
Jean-Claude Albert-Weil, auteur d'un extraordinaire
roman uchronique, Sont les oiseaux (2), vint parler de son
admiration
pour
Céline et de l'influence que son œuvre
exerce sur son propre travail. Quant à Claude Duneton, invité d'honneur
de cette réunion, il analysa le style célinien et ce qui fait son
originalité, établissant un parallèle avec un extrait de Voyage
réécrit par lui ( " en style gidien " ) et le texte de Céline,
mettant ainsi en valeur l'art de l'écrivain.
Nicole Debrie aborda ensuite un sujet à risques :
l'enjeu esthétique de Bagatelles pour un massacre dont l'aspect
pacifiste et antisémite a occulté toute la partie " manifeste littéraire
". La dénonciation de la standardisation de la littérature et surtout
son inféodation à l'idéologie marxiste, elle-même héritée des Lumières,
avaient rarement été mieux mises en valeur.
Le réalisateur Lazare Iglesis présenta ensuite le
documentaire qu'il tourna en 1959 à Meudon avec Louis Pauwels, qui
réalisa alors un remarquable entretien avec Céline.
Ces différentes parties furent émaillées d'une
lecture de textes de Céline par deux comédiens, Patrick Ferrette et
Richard Demaury, qui se comportèrent avec moins de légèreté que la
compagnie Sorba, invitée pour jouer une partie de son adaptation de
Guignol's band. Le croiriez-vous ? Le " politiquement correct
" fit, une fois encore, des ravages. Constatant la présence de livres "
sulfureux " comme ceux de Brigneau, Ratier et autres (qui avaient
d'ailleurs été installés à l'insu de l'organisateur), les acteurs
refusèrent de jouer dans un tel environnement et privèrent les
spectateurs de l'épilogue prévu d'une journée qui, jusqu'alors, s'était
bien déroulée. L.C.
(BC n°176, mai 1997).
(1) Correspondance à paraître
le mois prochain chez Gallimard sous le titre Lettres de prison à
Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen (1945-1947).
(2) Editions du Rocher, 420 pages.
4 AVRIL 1998
- 8ème JOURNEE CELINE à Paris.
Samedi 4 avril de 13 h 30 à 18 h 30. I.F.G.
37 quai de Grenelle 75 015 Paris. Invitée d'honneur : Marina Alberghini
Pacini, autres participants : Jeanne Allain-Poirier, Michaël Donley,
François Gibault. Avec la participation de Philippe Marteau qui lira des
extraits de Mort à crédit. Projection du film " Vie et légende
de Céline ". Séance de dédicaces et librairie célinienne.
Participation aux frais : 60 F.
Il y a toujours un risque à entretenir la
mémoire d'un écrivain sans tomber dans un ghetto pour aficionados ou des
redites systématiques. Mais Marc Laudelout, lors de sa rencontre
annuelle (la dernière Journée Céline eut lieu le 4 avril), sait
offrir aux céliniens un programme varié, où les études érudites
alternent avec les témoignages et la lecture d'extraits de l'œuvre
célinienne. Avec en plus la projection de documents consacrés à
Ferdinand.
Intervention remarquée : celle de François Gibault,
avocat réputé - notamment de Mme Céline -, auteur d'une remarquable
biographie de l'homme et de l'écrivain, qu'il mit quinze ans à écrire.
Il s'expliqua très librement : pour lui, Céline est un " cavalier seul
", contradictoire et provocateur. C'est François Gibault qui fit éditer
Rigodon et sut convaincre Lucette
Destouches d'autoriser la réédition de Mea culpa. En revanche, et
tout comme elle, il est hostile à la réédition des pamphlets, tout en
sachant que des tirages pirates existent. L'avocat s'est rendu récemment
en Russie où un éditeur pétersbourgeois vient de lancer D'un château
l'autre et programme d'autres titres de Céline. En Russie, il est
peu connu, lui qui avait si bien su voir et
comprendre le communisme. A noter que cet éditeur ayant convié les
autorités culturelles françaises pour le lancement de l'ouvrage,
celles-ci déclinèrent l'invitation. Céline inspire encore la trouille...
Deux étrangers ont parlé de Céline dans leur pays
respectif. Le Britannique Michaël Donley, qui publiera prochainement un
Céline musicien, regretta que Ferdinand ne soit pas encore très
connu outre -Manche, lui qui parlait si bien l'anglais quoi qu'il en
disait, et dont un livre, Guignol's band, se passe à Londres. Il
y aurait des difficultés de traduction... Mais, en sens inverse,
celles-ci ont été surmontées pour Joyce.
L'Italienne Marina Alberghini-Pacini, qui a rédigé
une biographie à paraître, Céline, l'enterré vivant, voudrait
elle aussi que cet écrivain soit mieux connu dans son pays où le grand
public l'ignore alors que les intellectuels de gauche, aussi puissants
là-bas qu'ici, rendent certes hommage à son talent, mais en l'épinglant
comme " fasciste et raciste ". Contre cette inquisition, Mme Alberghini-Pacini
plaide pour le " musicien de la parole " qu'elle a longuement comparé à
Dante (ce n'est pas un mince éloge) et dont elle goûte les aspects
comiques et tragiques ; et surtout l'intérêt pour les ballets, qui ne
sont pas pour elle des œuvres " mineures ".
Il y eut enfin deux films. Un entretien entre Céline
et André Parinaud, d'autant plus intéressant qu'il fut réalisé en 1958
pour la télévision et que d'après Marc Laudelout il serait resté inédit.
Et ensuite une émission entièrement consacrée à Céline et intitulée
Une légende, une vie réalisée par Claude-Jean Philippe,
écrivain-journaliste, animateur de Ciné -Club à la télévision. Emission
(en noir et blanc) diffusée en 1976 et où tous les aspects de la vie et
de l'œuvre étaient analysés.
"
Vous serez surpris ", avait averti Marc Laudelout avant les projections,
de la façon dont on traitait Céline dans ces années- là, alors qu'il y a
actuellement contre lui une véritable offensive dont François Gibault
estime que ce n'est pas un mal car elle prouve combien l'écrivain reste
vivant.
Dans ce Céline de Claude-Jean Philippe (1), il était
question de son antisémitisme jugé par le professeur Raoul Girardet
comme relevant d'un antisémitisme populaire plongeant ses racines aussi
bien dans la gauche que dans la droite. Et aussi teinté d'un pacifisme
irréductible, mais en partie égaré car s'en prenant aux seuls juifs
bellicistes, alors que de son côté Hitler n'arrangeait pas les choses.
On entendait aussi Gérard Guégan et Raphaël Sorin plaider pour Céline en
disant qu'au-delà de Bagatelles, c'est la dénonciation du
communisme qui ne lui avait pas été pardonnée.
Et puis, dans les deux films, on voyait et on
entendait Ferdinand, prudent, roublard, revenant souvent sur le thème de
la mort, d'une mort attendue et désirée - " La mort est toujours sur
la table ", disait-il. Lucette Almansor voulait alerter son ami, le
docteur André Willemin, pour soulager les derniers instants de son mari
: " Laisse-moi crever seul ", fut la réponse du mourant.
Le voyage était terminé. Il reste à travers ses
livres et tout ce qui se publie encore sur lui, une personnalité
géniale. Que l'on pourra d'autant moins éliminer que nous vivons chaque
jour davantage un temps célinien. - Jean-Pierre Angelelli.
(1) De son vrai nom Claude
Nahon, né à Tanger en 1933. Voir sa biographie dans La critique de
cinéma en France (Ramsay, 1997). Avec ses interlocuteurs, il
traitait dans ce film de Céline avec intérêt et même respect.
Le Bulletin célinien
tient à saluer les abonnés qui n'ayant pas pu se rendre à la Journée
Céline ont tenu à soutenir son initiative. Que MM. Philippe Aran, Gérard Auzou, Edmond
Gaudin, Pierre Guérin, Daniel Heck, Alphonse Juilland et Maurice
Santerre trouvent ici l'expression de nos vifs remerciements.
(BC
n°187, mai 1998).
3 AVRIL 1999 - 9ème JOURNEE
CELINE à Paris.
Organisée par Le Bulletin célinien, samedi 3 avril
1999 de 13h30 à 18h30. I.F.G. 37 quai de Grenelle, Paris 15ème.
Invité d'honneur : André Parinaud.
C'est donc ce samedi 3 avril qu'aura lieu, à Paris,
notre réunion annuelle. Vous en trouverez le programme à l'intérieur de
ce numéro. Cette année, l'invité d'honneur sera André Parinaud qui eut
l'insigne honneur de réaliser, en janvier 1953, la première interview de
Céline après son retour d'exil. C'était dans La Parisienne, revue
mythique fondée par Jacques Laurent en réaction à l'étouffoir sartrien
qui dominait l'époque. André Parinaud est également l'auteur d'un
étonnant entretien filmé à Meudon qui sera projeté à cette occasion. Son
témoignage sera d'autant plus intéressant que c'est la première fois
qu'il est convié à s'exprimer sur ses multiples rencontres avec Céline
et sur les aspects d'une œuvre qu'il connaît
très bien.
Anne Henry, auteur d'un excellent " Céline
écrivain " (L'Harmattan, 1994), traitera des ambitions de la "
petite musique " de Céline, et donc du projet profond que recouvre cette
expression. Jean Guenot, non annoncé dans le programme, sera pourtant
bien là et évoquera la situation de Céline à l'aube du deuxième
millénaire. Célinien de la première heure - il réalisa, avec Jacques d'Arribehaude,
de passionnants entretiens avec Céline -, Guénot traitera aussi des
cadences et des ressources mélodiques d'une écriture qu'il connaît pour
l'avoir analysée avec rigueur.
Henri Thyssens, lui, nous fera profiter d'années de
recherches autour de Robert Denoël qui fut, comme on sait,
l'éditeur de Céline de 1932 à 1944. Son destin tragique a éclipsé le
découvreur de talents qu'il fut. Nul doute que Thyssens rendra justice à
cette figure éditoriale méconnue qui attend encore son biographe.
Eliane Bonabel, Pierre Monnier et Paul Chambrillon
évoqueront l'homme qu'ils ont connu, au Danemark, puis en France. Ce
sont les derniers témoins d'un grand fauve qui, à la fin de sa vie,
s'est ingénié à donner une image souvent caricaturale de lui-même. Ils
évoqueront le Céline qu'ils ont apprécié, souvent très différent de
celui qui apparut dans la presse de l'époque. Cette journée sera
agrémentée par la lecture de lettres de Céline par Patrick Ferrette. Une
fois encore, nous espérons que ce programme varié nous réunira autour
d'une même passion pour une œuvre qui mérite
assurément le partage.
A très bientôt donc...
M.L.
* * *
Le 3 avril à Paris, la dernière Journée Céline
fut un succès, avec comme invité d'honneur André Parinaud qui, en
octobre 58, participa à la réalisation avec le reclus volontaire de
Meudon d'un entretien dont il tira un film d'une vingtaine de minutes et
qui
fut programmé sur l'unique chaîne de la télévision d'alors.
Ce monument disparut ensuite dans les archives de
l'Institut National de l'Audiovisuel où Parinaud l'a retrouvé. Il l'a
commenté avec brio devant l'assistance. D'autres interventions, dont
celle de Jean Guénot sur " Céline écrivain arrivé " ont marqué
cette commémoration régulière mais jamais conformiste.
Encore ce très bref écho ne signale-t-il pas les
brillantes interventions d'Anne Henry (sur " la petite musique de Céline
") et de Henri Thyssens (sur l'éditeur Robert Denoël), ni la table ronde
qui réunit Eliane Bonabel, Paul Chambrillon et Pierre Monnier sous le
titre évocateur " Les derniers témoins ".
Quelques photographies-souvenirs de cette mémorable
journée sont reproduites dans ce numéro. Il me reste à espérer vous
retrouver aussi nombreux l'année prochaine. En l'an 2000, votre
Bulletin entrera dans sa 19ème année.
Et il aura vingt ans exactement au siècle suivant.
N'en déplaise à ceux qui le considèrent comme trop compromettant...
Serait-ce d'ailleurs un signe enviable de jeunesse ?
M.L.
28 OCTOBRE 2000 - 10ème JOURNEE CELINE à
Paris.
Organisée
par le Bulletin célinien, samedi 28 octobre 2000 de 14 à 19 heures,
Hôtel de l'Industrie (salle Louis Lumière), 4 Place St. Germain des
Prés, Paris 6ème. Entrée : 70 f.
D'une part, il est toujours
ardu de rendre compte d'une réunion que l'on a soi-même organisée.
D'autre part, il serait incongru de n'en point parler. C'est donc le 28
octobre dernier qu'eut lieu, à Saint-Germain-des-Prés, notre réunion
annuelle.
Dans
une salle historique : la salle Louis Lumière de l'Hôtel de l'Industrie
où se déroula, un an avant la naissance de Céline, la première
projection publique de " photographie animée ", au moyen d'un appareil
qui devint célèbre sous le nom de cinématographe.
Cette réunion offre au responsable du
Bulletin célinien et à ses abonnés l'opportunité de rencontrer
des écrivains et des critiques littéraires de talent. L'année 2000 ne
fit pas exception à la règle grâce à la présence de Jacques Aboucaya,
critique perspicace et homme chaleureux, qui vint nous parler d'Albert
Paraz.
Sa modestie dût-elle en souffrir, nul doute que c'est lui qui connaît le
mieux l'œuvre et la personnalité de ce " défenseur et ami de Céline "
auquel il consacre actuellement une biographie.
Il faut savoir gré à Jacques Aboucaya d'avoir accepté notre invitation et
d'avoir su évoquer de bien émouvante façon celui qui n'a jamais été un
épigone de Céline, contrairement à ce qu'accrédite une légende tenace.
Pour le reste, cédons la plume à un
lecteur, M. Jean-Pierre Doche (Issy-les-Moulineaux) qui a bien voulu
nous adresser ces lignes :
" Je retiendrai surtout les
communications de Michaël Donley (" Céline musicien "), ainsi que
celle de l'invité surprise
Philippe
Alméras qui montre, s'il en était encore besoin, votre
sens profond de l'équilibre entre les tendances céliniennes actuelles.
Je ne saurais bien sûr oublier la touchante intervention de
Charles-Antoine Cardot (" Céline et Montfort en Bretagne, 1918-1957
") qui est une parfaite illustration de ce que tout chercheur peut
encore réaliser sur la vie et l'œuvre de Céline, même si elles ne
paraissent pas, de prime abord, fondamentales. Et, comme Gilles Pandel,
dont j'ai vu la remarquable adaptation de Guignol's band et lu
son originale contribution à l'étude de Céline, j'ai été désolé par la
lecture d'un tract déposé dans la salle en nous invitant à " aller
soi-même lancer calmement une pierre " (sic).
La mémoire de Céline mérite beaucoup mieux que cela, et cette
appropriation de votre organisation par des factieux est totalement
inadmissible et profondément
répréhensible. Surtout que, comme vous l'avez précisé, l'on pourrait
penser que cette opération se fait avec votre bénédiction !... Et
notre correspondant de conclure : " Essayons de nous élever au-dessus
de la mêlée et arrêtons d'utiliser Céline à tort et à travers et de le
récupérer à tout propos, lui qui était avant tout un homme libre. Il est
et il reste, pour moi et pour beaucoup d'autres, le plus grand écrivain
français de ce siècle finissant, et nous avons la tâche d'étudier son
œuvre, et rien que son œuvre. "
Autant dire que nous
souscrivons entièrement à cette profession de foi. Et ajoutons, pour
l'information de nos lecteurs, que cet abonné évoque ici une déplorable
habitude qu'on prise d'aucuns lors de nos réunions : profiter de cette
initiative pour diffuser, sans même nous en demander l'autorisation, des
tracts qui n'ont strictement rien à voir avec l'objet de la rencontre.
Mieux : on a vu, certaine fois, tel ou tel improviser un stand " pirate "
proposant des ouvrages qui n'ont aucun rapport avec Céline ou son œuvre.
... Tout Céline, mais rien que Céline.
Le pari est sans doute difficile, mais il importe qu'il soit tenu. C'est
à cette condition que ce modeste Bulletin, qui entamera en
janvier prochain sa 20ième année de publication, poursuivra sa route.
D'avance, et plus que jamais, merci
de votre fidélité et de votre amical soutien. M.L.
(BC n° 215, décembre 2000).
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